I – Principes Généraux
Le ROC-VD prend acte et s’alarme des effets désastreux des dogmes de la croissance économique, du productivisme et du consumérisme :
- qui aliènent l’être humain (surconsommation, précarisation, accélération des rythmes de vie et de travail, perte de repères et de finalités intelligibles, uniformisation culturelle…) ;
- qui creusent les inégalités entre ceux qui profitent de la croissance et ceux qu’elle sacrifie, tant à l’échelle locale que planétaire ;
- qui provoquent l’épuisement des ressources naturelles de la planète (déplétion du pétrole et de nombreux minéraux, déforestation, raréfaction de l’eau potable, épuisement des sols…) et créent les prémisses de conflits visant à leur contrôle ;
- qui accélèrent la dégradation de la biosphère (changements climatiques, diminution de la biodiversité, pollutions de toute nature…) ;
- qui entretiennent l’être humain dans le mythe de la toute puissance technologique et du caractère intrinsèquement positif du progrès techno-scientifique, masquant ainsi son ambivalence.
Le caractère dramatique de ces conséquences incite le ROC-VD à agir en faveur d’une dynamique de la décroissance. Il est urgent de définir des paradigmes alternatifs et de se mobiliser pour les promouvoir, en commençant par reconnaître la responsabilité première des pays dits « riches » quant aux causes des dysfonctionnements constatés. Il n’est pas question de demander aux pays dits « pauvres » de s’engager aujourd’hui dans la voie de la décroissance. Ces peuples sont depuis toujours les premières victimes du prétendu bien-être occidental et de la crise écologique créée par ce mode de vie, fondé sur l’exploitation du travail et des ressources des pays du Sud. L’abandon du mythe d’une croissance illimitée dans la partie du globe en surconsommation contribuera à créer les conditions pour une répartition plus égalitaire des richesses et mettra un terme aux pillages systématiques perpétrés par les multinationales.
Le ROC défend également une position critique à l’égard du concept de « développement durable » et de son usage. Ce terme s’est imposé dans tous les programmes politiques, de la gauche à la droite, ainsi que dans les discours des principaux acteurs économiques qui teignent de vert leurs slogans publicitaires afin de séduire une part de marché sensible aux questions écologiques. Pour le ROC, le système économique actuel non seulement n’est pas écologiquement durable, mais il engendre une multitude de problèmes tant au niveau social qu’individuel. Toute tentative d’adaptation aux limites de la planète d’un modèle fondé sur la croissance relève d’une illusion savamment entretenue qui perpétue les inégalités et les problèmes sociaux existants. L’autre danger qui se cache derrière les propos des adeptes du développement durable réside dans la glorification des « petits gestes » quotidiens. L’agrégation de comportements individuels positifs est une condition indispensable mains non suffisante du changement social. En insistant sur la responsabilisation individuelle, ils éloignent les citoyen-ne-s de la dimension participative et politique, laissant la voie libre aux lobbies économiques et empêchant une critique globale du système capitaliste.
Les discours et théories qui désignent l’humanité comme un « problème » ou un « cancer » sont incompatibles avec la philosophie du ROC-VD. Sa conception de la décroissance se veut avant tout humaniste et démocratique : les propos discriminatoires et ne respectant pas la dignité humaine n’y trouvent aucun écho.
II – Organisation
Le ROC-VD est une organisation à but non lucratif et aconfessionnelle, qui n’est assujettie à aucune formation politique. Il n’admet aucune discrimination de race, de genre, de religion et d’orientation sexuelle. L’ensemble des personnes participant au ROC-VD constitue un collectif informel et indépendant. Les objecteurs/trices de croissance (OC) sont bénévoles et consacrent une partie de leur temps à faire connaître et promouvoir les principes de la décroissance et de la simplicité volontaire.
Le ROC-VD est ouvert à toute personne intéressée par les thématiques liées à la décroissance et à la simplicité volontaire. Il se compose : d’un plénum ; d’un groupe de coordination et de plusieurs groupes de travail, permanents ou temporaires. Le groupe de coordination se charge de mettre en lien les différentes initiatives du ROC et de faire circuler les informations à l’ensemble des OC. Aucun pouvoir décisionnel spécifique n’est conféré aux membres de ce groupe : les résolutions importantes sont prises collectivement par le plénum du ROC-VD, privilégiant la transparence et la recherche du plus large consensus possible (le recours à un vote n’intervenant qu’en dernière instance et faute d’alternative).
Le ROC-VD s’intègre dans le réseau des ROC d’autres cantons suisses et participe activement à toute forme d’actions organisées aux niveaux régional, fédéral et international en relation avec l’idée de décroissance. Tout en s’associant solidairement aux combats sociaux et écologiques menés dans le monde et en contribuant à une réflexion critique globale, le ROC-VD privilégiera les actions ancrées dans le quotidien de la population locale. Ses membres s’engagent afin que les actions entreprises concourent à animer les débats publics qui touchent, de près ou de loin, à la décroissance.
III – Finalités
Le ROC-VD réfute la doctrine comme la pratique de la croissance économique illimitée. Il débat et travaille à l’élaboration d’une alternative sociétale en harmonie avec les limites de la planète et qui ouvre à chacun un avenir plus respectueux de l’être humain et de son environnement. Le ROC-VD défend une vision de société anticapitaliste et antiproductiviste, valorisant les biens et services autoproduits et produits localement ainsi que les échanges solidaires, en opposition à la surproduction industrielle de marchandises et aux échanges commerciaux globalisés.
Le ROC-VD vise à réduire :
- a. l’impact environnemental des activités humaines ;
- b. l’exploitation des ressources naturelles non renouvelables ;
- c. les gaspillages, les inefficiences et les mauvais usages de l’énergie ;
- d. la production de marchandises et de déchets ;
- e. l’extension de la sphère marchande par la privatisation des biens, des services, des idées et des savoirs ;
- f. l’hyper-spécialisation et la fragmentation du travail ;
- g. le temps consacré au travail rémunéré au profit du temps de la vie, de la culture et des échanges interpersonnels ;
- h. la place des sujets économiques dans l’existence, les pratiques et les décisions des communautés ;
- i. l’écart entre la culture techno-scientifique («comment ?») et la culture humaniste («pourquoi et pour quoi ?») ;
- j. les innovations et les produits nuisibles à la santé humaine, à l’environnement, et violant le principe de précaution ;
- k. la professionnalisation de la sphère politique et le sentiment d’impuissance individuelle des citoyen-nes ;
- l. l’éloignement entre les instances décisionnelles et les communautés concernées par les décisions ;
- m. l’esprit individualiste outrancier et la dévalorisation des pratiques collectives ;
- n. l’enlaidissement de l’environnement naturel et social, sacrifiés à l’utilitarisme ;
- o. l’invasion de l’espace public et intime par le marketing et la communication publicitaire;
- p. la fabrication et l’exploitation à des fins commerciales de besoins et désirs artificiels.
Le ROC-VD vise à promouvoir :
- A. la participation, la convivialité et la confiance mutuelle des membres de la communauté;
- B. la solidarité entre les peuples, les groupes et les individus pour la construction de relations basées sur le respect de l’autre ;
- C. une égalité d’accès aux ressources sociales et naturelles (droit à la l’eau, à la terre,…);
- D. une répartition plus égalitaire des richesses, tant au niveau global que local (revenu universel inconditionnel et revenu maximum);
- E. la création et la préservation d’espaces de gratuité ;
- F. la libre circulation des idées, des savoirs et des biens culturels ;
- G. la transmission des savoirs et l’apprentissage des valeurs non-utilitaristes par le dialogue intergénérationnel ;
- H. les communautés locales privilégiant une économie autocentrée (souveraineté énergétique et alimentaire) ;
- I. l’autoproduction et les échanges non-commerciaux de biens et services ;
- J. la production locale, les « filières courtes » de production et de distribution et les coopératives d’achat solidaires;
- K. la finance éthique et l’économie à but non-lucratif, en révisant les bases du système dette – intérêt ;
- L. la production d’aliments en harmonie avec la biosphère et une consommation de nourriture issue d’une production locale et respectueuse des cultivateurs-trices ;
- M. la responsabilisation des entreprises dans l’ensemble des étapes de production, d’élimination et de recyclage ;
- N. une durée de vie optimale des produits industriels en refusant l’obsolescence programmée ;
- O. les processus productifs créatifs, responsables et autonomes, qui restituent à l’être humain le sens de ses activités ;
- P. les techniques et les savoirs artisanaux ;
- Q. l’utilisation de sources d’énergies et de matières premières renouvelables ;
- R. l’usage de technologies et de systèmes de production qui optimisent l’utilisation des ressources naturelles et énergétiques ;
- S. la protection de la diversité biologique et culturelle ;
- T. la prise de conscience personnelle et l’acceptation sociale de la notion de limite, notamment dans la sphère économique ;
- U. la réappropriation individuelle de la conception du bonheur (notions de besoin, de désir, de plaisir et de partage).
Le ROC-VD a pour objectif de faire connaître et de promouvoir les principes de la décroissance et de la simplicité volontaire
- par la publication de textes
- par l’organisation de débats, de rencontres et de conférences
- par des actions citoyennes, inspirées par les principes de la non-violence et de la désobéissance civile.
Pour le ROC, la décroissance ne constitue toutefois pas un but en soi mais plutôt une étape nécessaire à l’établissement d’une société respectueuse de l’être humain et de la planète.
Les membres du ROC s’engagent personnellement pour un mode de vie plus frugal et moins gourmand en matières premières et en énergie afin de vivre mieux, en consommant moins et autrement.
Lausanne, janvier 2010