La coordination du ROC GE supporte cette déclaration, conçue par Moins!
Cette « décroissance » n’est pas la nôtre !
Nous qui nous reconnaissons depuis des années en tant que « décroissantEs » ou « objectrices et objecteurs de croissance », tenons à le préciser: la crise du coronavirus n’est pas la décroissance que nous prônons! Si certains indicateurs écologiques s’améliorent « grâce » au virus, ne nous en réjouissons pas, car nous partageons les souffrances des uns et des autres, en particulier celles des plus faibles d’entre nous, qui sont les premiers affectés.
Il est important de connaître le sens des mots, sous peine de ne plus savoir de quoi l’on parle. Le mot « décroissance », peut signifier deux choses. Cela peut être « l’action de décroître » et dans ce sens, on dit la décroissance « de quelque chose », par exemple, la décroissance de la population, de la radioactivité, etc. Utilisé sans suite, la décroissance est « un projet politique », celui dont nous nous réclamons, et dont nous considérons, aujourd’hui plus que jamais, qu’il représente – sous ses différentes formes – notre seule chance d’échapper à la barbarie.
Les réactions de nos sociétés face au coronavirus engendrent, entre autres, une contraction de l’économie, qui n’est pas voulue. Il s’agit d’une récession, d’un ralentissement de l’économie, à la limite d’une décroissance de l’économie. Nos sociétés modernes sont en effet des sociétés de croissance, elles en ont besoin comme nous avons besoin d’air ou d’eau. Or, une société de croissance sans croissance crée de graves problèmes, en particulier pour les plus faibles d’entre nous: chômage, coupes dans le social et la santé, violences diverses, etc.
Une société de croissance avec croissance en pose d’autres, que nous ne détaillerons pas ici. Contentons-nous de signaler, évidemment, les problèmes écologiques (dont le réchauffement climatique est l’un des principaux mais pas le seul), mais également les problèmes sociaux (inégalités, individualisme, compétition, etc.) ou individuel (perte de sens de la vie, narcissisme, matérialisme, dépression, suicide, etc.)
Notre projet de la décroissance représente quelque chose de fondamentalement différent. Il s’agit d’un projet collectif désiré et réfléchi, visant à construire dans le respect de chacun une société plus sobre, véritablement soutenable, solidaire et conviviale. S’il se traduira effectivement par une diminution des activités monétarisées mesurées par le PIB – car il est impératif de sortir du productivisme, que ce soit sous sa forme capitaliste ou communiste – il le sera de manière choisie et contrôlée, afin en particulier de protéger les plus faibles d’entre nous. Notre décroissance est d’abord celles des inégalités : ce sont les plus riches qui doivent décroître les premiers! Elle est avant tout matérielle, car nos sociétés modernes sont largement insoutenables et s’appuient sur le pillage de la planète et des peuples du Sud.
La nécessaire diminution de notre niveau de vie matériel n’est cependant pas une mauvaise nouvelle : choisie, acceptée et assumée collectivement, elle nous permettra de retrouver du temps et du sens : pour nos familles, pour nos amis, pour nos passions, pour nous-même. « Moins de bien, plus de lien », dit notre plus fameux diction.
Nous nous sentons solidaires avec toutes les personnes affectées par la crise du coronavirus, et nous partageons leurs souffrances Ce monde n’est pas celui que nous appelons de nos vœux, bien au contraire. Nous souhaitons arriver au respect de chacun et de la planète par une voie que nous choisirons ensemble. Ce chemin est celui de LA DECROISSANCE.